Le Goji de haute Montagne
Récolte artisanale de goji en Mongolie Intérieure
Curieusement le goji – si ce n’est la “panacée universelle” probablement le plus intéressant des “super-fruits” – semble être resté relativement ou même complètement inconnu en Occident, donc en Amérique, en Europe et en France pendant des décennies, des siècles et des millénaires… Il est vrai qu’il pousse essentiellement au Tibet, en Mongolie en Chine, et aussi en Inde… Relativement récemment (quelques décennies) des nutritionnistes américains s’y sont intéressés, en ont fait l’éloge (Dr Earl Mindell) et ont commencé à en prescrire des cures, notamment sous formes de jus, notamment aux stars hollywoodiennes, souvent stressées… Le marketing de réseau (Freelife) s’y est aussi rapidement intéressé en ce qui concerne la commercialisation du jus…
En France le goji semble avoir été introduit, de façon significative, seulement vers 2007, d’abord sous forme de baies séchées puis de jus… Afin d’améliorer l’image scientifique du produit – et probablement aussi de pouvoir en renchérir le prix – sont ensuite apparus des distributeurs le proposant sous forme de poudre ou même en ampoules (ce qui permet de le vendre jusqu’à dix fois plus cher!), ce qui ne présente absolument aucun intérêt et même tout au contraire, puisque c’est un fruit et que c’est sous la forme la plus naturelle possible du fruit – et même, si possible, du fruit frais – qu’il est le plus bénéfique…
Sous la forme jus se pose, pour un produit naturel, la question de la conservation du produit. Souvent, par exemple, le benzoate de sodium est utilisé, seul ou avec d’autres conservateurs comme le sorbate de potassium. La question est d’autant plus complexe qu’en dehors du benzoate de sodium chimique le plus couramment utilisé existe aussi un benzoate de sodium naturel en provenance de certains arbres. C’est rarement indiqué sur la bouteille si le benzoate est naturel ou pas. S’il n’est pas précisé qu’il est naturel, il est vraisemblablement chimique. Dans le doute, il vaut mieux préférer la conservation par pasteurisation, donc sans introduction de substances chimiques dans le jus.
Cependant, la pasteurisation complète présente l’inconvénient de “tuer” beaucoup la bio-activité d’un produit naturel. C’est pourquoi il vaut mieux lui préférer la “flash-pasteurisation”, une pasteurisation plus légère (température moins élevée; durée d’exposition à la chaleur plus courte), nettement moins radicale mais généralement suffisante pour assurer au jus une conservation de plusieurs mois. Bien sûr, l’idéal serait de presser des fruits frais et d’en boire le jus aussitôt, mais, bien évidemment, ceci n’est guère possible, que sur les lieux de production, c’est-à-dire là où cela pousse… Pour pouvoir en profiter à distance il est nécessaire d’avoir recours à quelques artifices…
Pour échapper complètement à ces problèmes de conservateurs plus ou moins chimiques ou de pasteurisation plus ou moins intense le plus simple est de se tourner – lorsque l’on n’habite pas à côté d’un ou plusieurs “gojitiers” – vers les fruits secs – donc les baies séchées -, puisque la dessiccation à basse température – dont la première partie au moins peut s’effectuer, de façon tout à fait naturelle, au Soleil (cela ne suffit pas toujours, car pour éviter tout risque de moisissure, la dessiccation doit être parfaite!) – permet une conservation naturelle des baies, tout en conservant la plus grande part des bénéfiques propriétés (même si, bien sûr, rien ne remplacera jamais un fruit frais consommé sur place).
Pour les Occidentaux et donc les Européens le goji est, au départ, un fruit exotique (il semble, toutefois, qu’il puisse aussi s’acclimater en France, mais le goji français n’aura pas forcément non plus les mêmes bénéfiques propriétés que le goji poussant dans son terroir d’origine). Fondamentalement, en tant qu’aliment quotidien, il est donc bon pour les populations qui vivent là où il pousse naturellement… Ne peut-il, de ce fait, être bénéfique à des Occidentaux? En cure, si! Mais pas à manger tout le temps; sinon, il se produit un phénomène d’accoutumance et l’effet bénéfique (aussi dû au changement!) s’estompe progressivement avec le temps… Pour des Européens, cela reste, comme l’ananas, l’orange, la banane, la mangue, la papaye, etc., un fruit exotique.
L’expérience montre que, pour les personnes sensibles aux bienfaits du goji (chacun est différent), l’effet peut parfois être spectaculaire! En seulement une semaine il arrive que la personne retrouve un dynamisme qu’elle pensait avoir définitivement perdu. Cela n’est pas toujours aussi rapide et une cure de plusieurs mois est souvent nécessaire. La première année, une cure de six mois est même recommandée (un ou deux mois les années suivantes), de dix à trente grammes par jour, de préférence la matin à jeun (éviter d’en prendre le soir, car le caractère très tonique du goji peut empêcher certains de dormir!), ce qui équivaut sensiblement à une bonne cuillère à soupe bien bombée, l’on dirait une petite poignée…
Peut-on en prendre plus de trente grammes par jour? Assurément, oui. Mais, considérations de coût mises à part, il ne sert à rien de dépasser 100 grammes quotidiens; il n’y aura pas plus d’effets pour autant… Y a-t-il des précautions à observer? Le goji est un fluidifiant naturel du sang. Si des personnes ont l’habitude de prendre régulièrement des anti-coagulants (médicaments chimiques) prescrits par leur médecin et veulent faire une cure de goji, il leur est conseillé de retourner voir leur médecin qui, s’il est ouvert aux bienfaits de la Nature (“Que ta nourriture soit ton remède!” – Serment d’Hippocrate), au lieu de leur déconseiller le goji, leur diminuera la quantité d’anti-coagulants (par exemple, la warfarine) à prendre d’autant…
Mais tous les gojis se valent-ils? Assurément, non! Là cela devient un tantinet complexe…, car la question doit être considérée sous différents aspects. Tout d’abord, il y a le lieu de production et, lié à cela, le terroir, l’exposition, et surtout l’altitude… Il y a donc deux grandes catégories de goji: le goji de plaine et le goji de montagne, voire de haute montagne (Haut Plateau du Tibet: 4200 mètres). Le principe de base est simple: Bien qu’il y ait aussi d’autres critères “plus cela pousse haut et mieux c’est pour la vitalité du produit!” A ce sujet il est déjà important de bien comprendre que 80% du goji commercialisé dans le monde provient de la plaine de Nin-Xiang, à l’Est de la Chine, donc pas très haut au-dessus du niveau de la mer… Le goji de plaine peut suffire pour faire une salade de fruits exotiques, mais si l’on veut réellement faire une cure destinée à efficacement purifier et stimuler son organisme le goji de montagne s’impose.
Être aussi conscient que “tout ce qui est rare est {plus} cher”. Du fait de sa relative rareté par rapport au goji de plaine le prix du goji de montagne, surtout s’il provient d’un terroir d’exception, peut doubler ou tripler par rapport au goji courant poussant en plaine, à prix soldé. Si l’on veut payer le moins cher possible c’est donc dans le goji de plaine que l’on va trouver les prix les plus bas, mais si l’on veut le meilleur produit, donc du goji “haut de gamme”, il faut – de même que, s’il s’agit de neuf, personne ne s’attend à payer une Mercédès le prix d’une 2 CV – s’attendre à devoir payer quelque peu plus cher. Mais, vu les excellentes propriétés du goji d’altitude (contenant abondance de vitamines, saccharides, germanium, bétaïne, etc.) – et même s’il n’est pas {encore!} remboursé par la “sécu” -, vu que “la santé n’a pas de prix”, cela reste une “très bonne affaire”.
Arrivés là, se pose encore ensuite le problème de la distinction entre goji officiellement biologique et goji avec une réelle qualité biologique mais ne possédant pas le label. Il est arrivé que du goji “biologique” chinois (cela ne coûte qu’un tampon!) soit largement plus pollué en pesticides (jusqu’à trois fois plus) que du goji officiellement non biologique mais avec d’excellentes analyses (par exemple, le goji du haut-plateau de Qinghaï au Tibet est souvent, même sans le label bio, testé avec 0 pesticide sur 400 testés). Donc, bien que n’ayant pas le label l’on peut quand même dire qu’en réalité il est bio.
Alors, pourquoi des producteurs de goji bio ne le font-ils pas labelliser “bio”? Parce que cela coûte des démarches s’étalant sur plusieurs années, donc du temps et aussi de l’argent (il faut payer les organismes de certification, ce qui renchérit le coût du produit). Tous les producteurs, dès lors où ils sont déjà sûrs d”écouler leur marchandise à un prix correct et que des analyses indépendantes obligatoires attestent déjà de la qualité de leur produit, ne vont pas, encore en plus, s’embarquer dans des démarches complexes et coûteuses, qui vont avoir pour effet d’accroître le prix de leur produit sans pour autant leur permettre de vendre plus, si, déjà, ils écoulent sans problème toute leur production, qui, en ce qui concerne le goji de montagne, est très demandée.
En dehors du goji de la Chine de l’Est il ne reste donc plus que 20% pour tout le reste incluant le goji d’Inde et celui de Russie… Le goji le plus prisé vient, toutefois, du Tibet (politiquement dépendant de la Chine) et aussi de la Mongolie (essentiellement la Mongolie Intérieure, elle aussi politiquement dépendante de la Chine). Les deux sont du goji d’altitude (en général, pour la Mongolie de 1300 à 2600 mètres et pour le Tibet autour de 4200 mètres: Haut-Plateau de Qinghaï). L’on a souvent lu aussi, ici ou là, que les Hounzas (la vallée des Houzas se trouve au Pakistan occidental) lui devraient leur légendaire longévité, sauf que là il ne pousse pas de goji et que les Hounzas ne mangent donc usuellement pas de goji mais plutôt des abricots et que c’est plutôt leur eau de glacier (2.5 millions d’années) qui, outre le vivifiant air de leur montagnes, les aiderait à vivre si longtemps, 120 ans et plus (longévité, toutefois, en baisse sensible depuis que le coca-cola, les frites, les boîtes de conserves, et le reste a aussi réussi à pénétrer là).
Le goji de montagne est-il pour autant automatiquement du goji sauvage? La question doit, elle aussi, être nuancée. Même en haute montagne le 100% sauvage – donc le goji de cueillette – est devenu très rare, pour ne pas dire rarissime. Si, d’aventure, il arrive que l’on puisse exceptionnellement en trouver, le goji présenté comme sauvage ne sera, en réalité, le plus souvent, que du semi-sauvage. Que faut-il entendre par là? Certaines plantations ont été développées à partir d’emplacements où, à l’origine, ne poussait effectivement que du goji complètement sauvage. Mais la rentabilité de tels espaces initialement entièrement naturels était, naturellement, très faible.
Et cela pour deux raisons principales. D’une part, comme il en va généralement dans la Nature, les pieds étaient clairsemés. Pour accroître le rendement de la surface les “goji farmers” ont, à partir des pieds sauvages initiaux, replantés de nouveaux pieds entre les anciens; c’était toujours des pieds sauvages mais quand même avec une intervention humaine… De plus, les vignes de goji sans intervention humaine ont tendance à étendre leurs ramures et, de ce fait, à produire relativement beaucoup de lianes mais peu de baies et des baies plus petites. C’est pourquoi, comme pour des vignes de raisin, les exploitants prennent rapidement l’habitude de les tailler, ce qui accroît tout de suite le rendement en fruits…
La cueillette, c’est bien pour ceux qui habitent à côté et ne prélèvent qu’un peu de goji pour leur consommation personnelle, mais, lorsqu’il s’agit d’en exporter des tonnes ou des dizaines ou centaines de tonnes en Occident et ailleurs, la logique n’est plus du tout la même. C’est pourquoi, pour ce goji de montagne, l’on ne peut pas, en bonne logique, le qualifier entièrement de “sauvage” (ce qui supposerait aucune intervention humaine d’aucune sorte, ni de plantation ni de taille) mais, tout au plus, de “semi-sauvage”. Il est globalement plus opportun de parler de goji de montagne ou de goji d’altitude, puisque ce sont là des appellations incontestables.
Mais les distinguos à faire ne s’arrêtent pas là… Car il n’y a pas seulement à distinguer entre le goji de plaine (vibratoirement moins puissant) – qui est, le plus souvent, du “goji de masse”, produit, sur une grande échelle, à grand renforts d’engrais et de pesticides – et le goji d’altitude (dont la bio-activité est maximale), pas seulement entre le goji “sauvage” et le goji “apprivoisé” ou “semi-sauvage”, mais aussi, parmi une bonne quarantaine de lyciums différents (et qui ne sont pas tous comestibles!), entre le goji de la variété lycium barbarum et le goji de la variété lycium chinensis ou encore chinense.
Et là non plus ce n’est pas simple, car le goji lycium chinensis (mot qui veut, pourtant, dire “chinois”) se trouve, en fait, principalement au Tibet et en Mongolie, alors que le goji chinois est principalement du “barbarum” (“barbare”, c’est-à-dire “commun”, “courant” ou “vulgaire”)… Là ne s’arrêtent pas les complications, car le goji lycium chinensis est souvent désigné comme étant du “lycium tibeticum” (donc le goji lycium dont le nom veut dire “chinois” est désigné comme “tibeticum”, c’est-à-dire comme tibétain!) Et comme si cela ne suffisait pas, le goji Tibeticum, bien que – comme son nom l’indique – il y en ait aussi au Tibet, se trouve – comme, cette fois, son nom ne l’indique pas – principalement … en Mongolie!
Les vendeurs de lycium barbarum disent (bien que le nom signifie “commun”) que c’est celui-là qui est bon pour la santé, car de nombreuses études publiées sur le site de “Pubmed” portent sur les vertus curatives du lycium barbarum, alors que, comparativement, le lycium chinensis a été assez peu étudié. De plus, bien que les deux qualificatifs renvoient à la Chine, il semble également y avoir une différence entre le lycium chinensis (que l’on trouve en Mongolie et au Tibet!) et le lycium chinense (que l’on ne trouverait qu’en Chine et qui, par comparaison, serait une variété avec des baies nettement plus petites et nettement moins goûtues, donc un produit assez commun, en quelque sorte: le “goji du pauvre”).
Toutefois, bien que, dans les nomenclatures scientifiques officielles, le “lycium tibeticum” ne soit pas – en l’état actuelle de la science officielle – reconnu comme une espèce différente, le chercheur en médecine tibétaine traditionnelle Bradley Dobos affirme que le lycium tibeticum est bien une variété particulière distincte du lycium barbarum et dont les propriétés sont, d’un point de vue thérapeutique, largement les plus intéressantes. Selon lui, toutefois, ainsi que, de façon générale, selon les recherches menées par l’Institut Tanaduk de Médecine Traditionnelle Tibétaine, la distinction fondamentale ne vient pas du fait qu’il s’agirait d’une variété génétiquement différente du lycium chinensis mais bien plutôt du terroir – qu’il se trouve au Tibet ou en Mongolie – où pousserait ce goji d’exception ainsi que des conditions d’ensoleillement des plants, des contrastes en le jour et la nuit, l’été et l’hiver, etc. Ce serait un peu comme un vignoble de Bordeaux qui, bien sûr, donne un raisin avec des qualités beaucoup plus exceptionnelles que les mêmes pieds de vigne plantés dans un territoire quelconque pas spécialement viniphile…
Lié à ce qui précède, pour accroître l’embrouillamini général, il convient encore d’ajouter, résultant des appétits marketing des entreprises de commercialisation, la cerise sur le gâteau de la confusion générale: Toujours selon Bradley Dobos, le nom “goji” – dont il serait l’auteur dans les années 70 – serait, exclusivement pour des raisons de marketing (apparemment, cela se vendrait mieux avec ce nom-là!) tout à fait abusivement donné à 80% des baies commercialisées – ou même plus – (celles produites dans la plaine de Ning-Xian), qui, en réalité, ne seraient pas des “gojiberries” [“baies de goji“] mais seulement des “wolfberries” [“baies de loup“]. L’usage d’appeler ainsi les “baies de loup” serait devenu tellement courant et répandu que ce serait maintenant peine perdue que d’essayer de redresser cette fausseté et de rétablir la vérité des appellations…
Et le consommateur de goji dans tout cela? Comment va-t-il s’y retrouver? Surtout s’il veut se faire du bien à sa santé… Pour choisir quelques règles simples:
– Préférer le goji de {haute} montagne (beaucoup plus “vibrant”, donc bio-actif, avec davantage de nutriments de valeur du fait des efforts faits par la plante pour lutter contre des conditions climatiques extrêmes) au goji de plaine.
– Préférer le goji artisanal de “ferme” (tenue par un “goji farmer”, généralement en montagne) au goji produit par de grosses entreprises industrielles (généralement en plaine).
– Préférer le goji du Tibet et de la Mongolie (incluant la Mongolie Intérieure; un logo “goji de Mongolie Intérieure” existe depuis, maintenant, deux ans) au goji de la Chine “traditionnelle” (excluant le Tibet et la Mongolie Intérieure).
– Préférer, éventuellement, lorsque cela existe, le goji Bio (depuis peu, il y en a, maintenant en Mongolie), tout en sachant que le goji “bio” de Chine “traditionnelle” n’est pas forcément réellement bio (il y a un an et demi, le gouvernement français a bloqué, pendant plusieurs mois, toutes les importations de goji soi-disant “bio” arrivant de Chine, car la fraude était avérée), que le goji bio coûtera, à cause de la certification, plusieurs €uros de plus le sachet de 500 grammes (format courant), et qu’il existe du goji du Tibet non labellisé bio mais avec d’excellentes analyses, donc, en réalité, de qualité bio.
En savoir plus: http://goji.over-blog.net.
Les propriétés du goji: Le goji est-il bon pour vous?.